Critiques rédigées par Hélène

 

20.000 ans ou La grande histoire de la nature (Stéphane Durand)

note: 5Comment vivait-on en France pendant l’âge de glace ? Hélène - 26 juin 2019

A cette époque, notre pays est couvert d’une couche de glace de plusieurs kilomètres d’épaisseur. On peut aller à pied en Angleterre, la Manche est inexistante. Le sol est un désert recouvert d’une poussière qui vole sous l’effet du vent glacial. Seule une partie du sud de la France - la Gascogne, le Languedoc - un peu plus abritée, permet à l’homme de survivre en compagnie du loup, du cheval et du mammouth.
Ce livre, très accessible, raconte comment la nature en France a évolué pendant des millénaires en utilisant toutes les anfractuosités et recoins pour survivre, se reproduire et prospérer. 10 000 ans plus tard, la France est recouverte d’une forêt dense et continue, très riche en espèces, qui disparaîtra sous l’essor de l’agriculture et de l’élevage.
A l’heure du réchauffement climatique et de la disparition de nombreuses espèces animales, il est passionnant de découvrir l’histoire de la nature sur un temps long.

Volia Volnaïa (Viktor Vladimirovič Remizov)

note: 4Dépaysement glacé dans le silence de la taïga Hélène - 3 mai 2019

Il y a un gouffre entre le monde urbain des métropoles russe et la vie dans la taïga sibérienne. C’est dans ce milieu hostile que ce déroule ce roman d’aventures fascinant. Il dépeint l’attachement viscéral des hommes à un mode de vie extrême ; froid polaire, habitat sommaire, solitude et beaucoup, beaucoup de vodka . Grande est l’impatience qu’ils ont, dès l’arrivée de l’hiver, de rejoindre leur territoire immense sur lequel ils passent des mois, seuls, à chasser la zibeline.
Ce mode de vie est celui d’hommes libres, dont les règles de vie ne reposent pas sur la loi, mais sur des traditions qui se transmettent de génération en génération.
Alors quand un incident avec la police survient, tout est perturbé, la survie est compromise. L’affrontement avec le pouvoir est inévitable, la taïga se couvre du sang des hommes.

Händel goes wild (Georg Friedrich Haendel)

note: 4Händel se déchaîne ! Hélène - 29 mars 2019

Il y eut un temps où la musique « classique » n’était pas fixée de façon stricte sur la partition. Durant la période baroque - en gros de 1600 à 1750 - l’improvisation était une pratique courante et quotidienne. Bach et Händel furent des maîtres en la matière et improvisaient couramment à l’orgue et au clavecin à partir d’une ligne de basse continue ou d’un fragment de thème mélodique.
Christina Pluhar applique dans cet enregistrement un principe musical déjà utilisé dans un travail précédent autour de l’œuvre de Purcell. Avec son ensemble l’Arpeggiata, elle s’empare de thèmes extraits d’opéras et associe à l’interprétation, des musiciens de l’univers du jazz. Les airs, dont certains très connus, y gagnent une couleur nouvelle et surprenante, chaleureuse et revigorante.

Notre histoire (Rao Pingru)

note: 480 ans d’histoire chinoise au travers du quotidien d’une famille Hélène - 24 janvier 2019

« Notre histoire » est un livre rare. C’est le récit d’un homme ordinaire qui, à l’âge de 90 ans, a souhaité laisser un témoignage sur sa vie et son amour pour sa femme Meitang.
Ils ont traversé une grande partie du 20ème siècle chinois ensemble. Rao Pingru a participé en tant que soldat à la guerre sino-japonaise, puis à la guerre civile entre nationalistes et communistes. Il a été « rééduqué » dans un camp de travail de 1958 à 1979.
Est-ce la peur de la censure ou tout simplement une certaine pudeur qui conserve une certaine légèreté à ce récit en ne détaillant pas les évènements tragiques tels la « rééducation » ou la Révolution culturelle.
Ni ressentiment, ni plainte, face au travail harassant ou à la famine mais le souci constant de trouver des solutions pour s’habiller, se chauffer, se nourrir…au mieux.
Les dessins poétiques et délicats illustrent à merveille le quotidien de ces vies modestes dans une période historique qui a vu un pays moyenâgeux se transformer en grande puissance économique sous régime communiste.

Oeuvre non trouvée

note: 4La bicyclette peut être un vrai bonheur mais aussi un outil de travail harassant. Hélène - 4 octobre 2018

A l’heure du développement du vélo dans toutes ses variantes – cargo, couché ou encore à assistance électrique - et des nombreuses véloroutes qui permettent de sillonner le monde, il est agréable pour le cycliste amateur de feuilleter ce petit livre. Le lecteur qui transpire fort le dimanche sur les routes de campagne, avec son VTC à 24 vitesses, pourra comparer ses exploits à la vie des personnes portraiturées. Comment imaginer qu’on puisse – pour le plaisir - passer sa vie entière à pédaler, jusqu’à cumuler plus de 500 000 km en 50 ans ? Et comment imaginer qu’on arrive – pour gagner sa vie – à transporter jusqu’à 4 passagers sur un tricycle de 80 kg ? Et qu’il faille ensuite dormir sur le vélo pour ne pas se le faire voler ?

Patria (Fernando Aramburu)

note: 4Une fresque ample sur le nationalisme basque Hélène - 16 août 2018

Qui se souvient aujourd'hui de l'importance qu'a pu avoir le mouvement E.T.A - Euskadi ta Askatasuna - Terre basque et liberté - dans l'histoire de l'Espagne et de la France ?
Ce roman nous le rappelle de façon très accessible, en racontant sur 50 ans, l'histoire de 2 familles d'un village espagnol. Voisines et amies dans les années 70, ces familles basculent dans la haine et la souffrance, parce que deux de leurs membres ne choisissent pas le même camp. La tragédie qui s'ensuit les rend irréconciliables.
Ce qui est passionnant dans ce roman, c'est que tous les personnages sont fouillés et ont une personnalité forte. Ils tracent des routes différentes liées au choix terrible qui conditionne tout : soutenir ou pas l'ETA. Mais de véritable choix, il n'y a pas, ou si peu !
A l'heure de la dissolution du mouvement, il serait intéressant que d'autres écrivains apportent d'autres points de vue sur cette période historique.

La vie algorithmique (Éric Sadin)

note: 5Réflexion garantie ! Hélène - 23 mai 2018

Eric Sadin est philosophe et écrivain. Depuis plusieurs années il publie régulièrement aux excellentes éditions « L’échappée » des essais autour de la place du numérique dans nos vies. Ses ouvrages sont passionnants mais un peu ardus à la lecture. « La vie algorithmique » dissèque de façon très précise et avec exemples à l’appui comment le numérique s’insère dans nos vies, comment des capteurs recueillent de l’information et comment la puissance des algorithmes prend peu à peu la place de la réflexion humaine. Si l’on réfléchit bien aux actes de notre vie quotidienne, quel est le geste, quel est le domaine qui échappe aujourd’hui au numérique ? Maison connectée, sport connecté, vie sociale connectée, musique connectée, lecture connectée, santé connectée…sans parler de la vie professionnelle et de la consommation. Tous ces clics alimentent des bases de données exponentielles qui fournissent des renseignements très précis sur nos vies. Pour qui, pour quoi ? Réponse dans ce livre !

Sonates pour violoncelle & piano (Johannes Brahms)

note: 4Que le pianiste n’oublie jamais qu’il ne faut pas lutter contre le violoncelle mais l’accompagner ! Hélène - 4 avril 2018

Est-ce un hasard ? Les 2 jeunes interprètes - autour de la trentaine – ont été successivement en 2017 et 2018, lauréats d’une Victoire de la musique classique en tant que soliste de l’année. Ce CD est une occasion de découvrir Adam Laloum et Victor Julien-Laferrière, ensemble dans un répertoire de musique de chambre.
Bien connue, la Sonate de Brahms opus 38 est belle, ample, romantique à souhait. Composée 20 ans plus tard, la Sonate de Franck utilise le violoncelle dans toute sa tessiture et son expressivité. On change d’époque avec la pièce de Debussy écrite pendant la guerre de 14-18. Dans sa modernité, on discerne des accents hispanisants, assez fréquents dans la musique française de cette époque.
Le violoncelle est réputé être l’instrument qui se rapproche le plus de la voix humaine. Est-ce pour cela qu’il procure des émotions si fortes ?

Art & sciences (Philippe Nessmann)

note: 4Une autre histoire de l'art Hélène - 27 février 2018

Aujourd’hui on a un peu oublié les liens forts qui unissaient les arts et les sciences à la Renaissance. La géométrie a permis de maîtriser la perspective, une notion fondamentale en peinture. Les dissections, très pratiquées, ont contribué à redécouvrir le corps humain et ses détails anatomiques, dissimulés durant la période du Moyen-Age.
Pas besoin d’être un spécialiste, ni de l’art ni des sciences, pour se régaler avec ce livre. Quelques explications, beaucoup d’illustrations et l’on comprend tout de suite les liens entre géométrie et cubisme ou entre neurologie et surréalisme.
On découvre aussi comment les biotechnologies et la robotique enrichissent l’art d’aujourd’hui. On frissonne même quand l’artiste utilise son corps comme support et greffe dans son bras une oreille en cartilage artificiel.

About kids, hips, nightmares and homework.. (Emicida)

note: 5Emicida, un flow suave mais percutant Hélène - 19 décembre 2017

Emicida est un rappeur brésilien né comme beaucoup d’autres, dans une favela de la Zona Norte de São Paulo. C’est l’un des plus connus en Europe avec son alter ego Criolo. Ce CD est son deuxième album. Il intègre beaucoup de références musicales de la sphère lusophone africaine conférant à plusieurs titres douceur et suavité. Chœur d’enfants du Cap-Vert, musiciens de Luanda en Angola, des liens sont tissés entre les communautés de « race noire », terme polémique en France mais très utilisé dans la culture brésilienne.
D’autres titres sont plus denses et agressifs dans la dénonciation de la dure vie des travailleurs et des femmes isolées vivant dans les ghettos, invisibles aux yeux de l’élite blanche brésilienne.
Dans les textes de Emicida, la référence aux peuples africains - yoruba, bantou, nagô - est permanente, de même que l’invocation des orixás. Est ainsi renforcé le pont entre les Noirs du Brésil et ceux d’Afrique.

Actus tragicus (Johann Sebastian Bach)

note: 5Bach épuré et lumineux Hélène - 17 novembre 2017

Johann Sebastian Bach a composé près de 300 cantates dans sa longue carrière de Maître de chapelle. Comment s’y repérer ?
Pourquoi ne pas commencer par écouter ce disque magnifique qui propose 4 cantates composées en 1707 et 1708, donc parmi les premières œuvres du compositeur ?
Bach a 20-22 ans, il vient de se marier et de trouver un poste d’organiste à Mülhausen. L’Europe se relève difficilement des séquelles de la Guerre de 30 ans qui a rendu exsangue l‘Allemagne. La mort est très présente, et grande l’interrogation sur le sens de la vie humaine.
Le caractère méditatif de ces œuvres, entre affliction et espérance, est accentué par l’interprétation épurée de l’ensemble Vox luminis. L’effectif instrumental réduit, magnifie les timbres des chanteurs. Les airs de la Cantate BWV12 dans lesquels les voix dialoguent avec le hautbois ou la trompette, sont particulièrement bouleversants.

Retour Haut

Partager "Première visite" sur facebookPartager "Première visite" sur twitterLien permanent

Partager "Bdx Metropole Bib en ligne" sur facebookPartager "Bdx Metropole Bib en ligne" sur twitterLien permanent

Partager "Newsletter" sur facebookPartager "Newsletter" sur twitterLien permanent

Partager "Actualités Talence culture" sur facebookPartager "Actualités Talence culture" sur twitterLien permanent