Critiques rédigées par Karine

 

Le poète noir (Kery James)

note: 5Les textes de Kery James sans la musique Karine - 11 janvier 2023

A l'occasion de ses trente ans de carrière, Kery James, figure engagée et incontournable du rap français, publie ce recueil composé d’une vingtaine de ses textes. Des textes forts, incisifs et sans concession, sélectionnés par le rappeur lui-même et qu’il a écrits entre 2001, date de sortie de son 1er album solo, et 2022.
Dans ses chansons qui sont des cris de révolte, il dénonce les injustices et exprime le mal-être des minorités. Parolier percutant et grand interprète, Kery James prouve que le rap et le slam occupent une place primordiale dans la poésie contemporaine.
«Le poète noir» donnera son nom au 8ème album studio de sa discographie, à paraître en 2023.

Le Serpent (Richard Warlow)

note: 5Une mini-série au suspense haletant Karine - 22 septembre 2022

Le Serpent s’inspire d’une histoire vraie et met en scène Charles Sobhraj, un tueur en série français qui aurait assassiné 18 personnes en Asie dans les années 70. Avec sa compagne et complice Marie-André Leclerc, il s’en prenait à de jeunes touristes occidentaux venus en Inde, en Thaïlande ou au Népal afin de les dépouiller et d’utiliser leur passeport. Tahar Rahim incarne magistralement le rôle de cet homme terrifiant et pourtant charismatique et séducteur. L’ambiance des années 70 sur le « Hippie Trail » asiatique est fidèlement restituée et le dépaysement est garanti. Une mini-série de 8 épisodes qui nous tient en haleine jusqu’à son dénouement !

Oeuvre non trouvée

note: 4Une pépite de la musique populaire brésilienne Karine - 19 mars 2022

Marisa Monte est une légende de la musique brésilienne, à la fois chanteuse, compositrice et productrice. Elle a collaboré avec de nombreux artistes parmi lesquels on peut citer Cesaria Evora et Gilberto Gil. « Portas », son premier album solo depuis 10 ans, a été composé en plein confinement et réunit pourtant un grand nombre de musiciens, convoqués à distance. Il fait honneur à la MPB (ou musique populaire brésilienne), ce courant pop né à la fin des années 50. Les 16 chansons qui composent cet opus sont des mélodies addictives qui mêlent la pop brésilienne à des sonorités jazz et soul. A écouter en boucle pour une évasion totale.

Roma (Alfonso Cuarón)

note: 5Une enfance mexicaine Karine - 18 novembre 2021

Cinq ans après « Gravity », Alfonso Cuaron revient avec un film très personnel. Roma fait en effet référence au quartier de Mexico où le réalisateur a passé son enfance. Cette fresque familiale, qui se déroule au début des années 70, relate la vie d’une domestique, Cleo. Elle s’occupe d’une famille nombreuse et bourgeoise. La mère plonge dans la tristesse suite au départ de son mari. Les deux femmes vont alors s'entraider. C’est un récit très simple, qui parle juste de la vie avec ses joies et ses drames. L'interprétation, avec des acteurs non-professionnels pour la plupart, est très touchante. Les longs plans séquences et le somptueux noir et blanc créent une atmosphère que l’on n’oubliera pas de sitôt.

Inna de Yard (Peter Webber)

note: 4Le « Buena Vista Social Club » jamaïcain Karine - 20 décembre 2019

Après le succès de leur premier album « The Soul of Jamaica », le collectif Inna de Yard - soudé autour de quatre chanteurs principaux : Ken Boothe, Cedric Myton, Winston McAnuff et Kiddus I - décide d’enregistrer un nouvel opus, qui rassemble les titres les plus emblématiques de leur répertoire. C’est à l’occasion de cet enregistrement que Peter Webber a réalisé ce film. Ces voix légendaires du reggae se retrouvent avec de jeunes artistes dans une maison sur les hauteurs de Kingston, au milieu d’une nature luxuriante. Ils ont chanté avec les plus grands (Bob Marley, Peter Tosh, Jimmy Cliff) et veulent revenir aux racines spirituelles et politiques de leur art et les transmettre aux jeunes générations. C’est pourquoi leur projet porte le nom de ces cours de maisons où le reggae s’est inventé, loin des studios, « in the yard » soit « dans l’arrière-cour ». Bien plus qu’un simple film musical, ce documentaire concentre des récits de vie dramatiques qui font écho au passé esclavagiste de la Jamaïque et montre la misère sociale qui s’y est installée durablement.

The hate U give (George Tillman Jr.)

note: 5L’éveil militant d’une jeune afro-américaine Karine - 17 octobre 2019

Starr est une jeune femme noire dont le meilleur ami, lui aussi noir, est abattu par un policier blanc. Un meurtre dont Starr est le seul témoin oculaire et qui va faire naître chez elle une conscience activiste et la forcera à s’interroger sur la justice et sur son propre engagement…
Ce film est adapté du roman de Angie Thomas, lui-même inspiré du mouvement "Black Lives Matter" et de la doctrine de Tupac. Si l’oeuvre musicale de ce rappeur, assassiné en 1996, est connue, son engagement pour les «oubliés» du ghetto l’est moins. Il a fondé le groupe Thug Life, qui est aussi un code de vie ; T.H.U.G. L.I.F.E. est l’acronyme de "The Hate U (you) Gave Little Infants Fucks Everybody" qui se traduit par "La haine que vous transmettez aux enfants détruit tout le monde", elle se répercute sur les générations futures…
Ce récit tragique, conté du point de vue d’une adolescente, puise dans l’une des pires réalités que connaissent les Etats-Unis : les morts de jeunes Afro-Américains sous les balles de la police.

O.J. : Made in America (Ezra Edelman)

note: 5Une grande fresque documentaire Karine - 24 août 2019

Après la série fiction «American crime story : The people v. O.J. Simpson», voici la série documentaire consacrée à cette ancienne star du football américain et dont le nom évoque l’un des faits divers les plus passionnants de ces dernières années aux Etats-Unis.
A travers l’ascension et la chute de O.J. Simpson, les 5 épisodes de ce documentaire explorent tout un pan de l’histoire américaine des années 60 à nos jours. Grâce à des images d’archives et de nombreux témoignages, le film met en parallèle la trajectoire du sportif et l’histoire de la lutte pour les droits civiques.
Celui qui disait : « Je ne suis pas noir, je suis O.J. » se retrouve, malgré lui, au cœur de cette lutte et de la question raciale américaine. Coupable ou innocent, il a été acquitté lors d’un procès qui fut surtout celui de la violence policière envers les afro-américains.
Cette fresque, récompensée par l’Oscar du meilleur documentaire en 2017, est passionnante de bout en bout et tient le spectateur en haleine grâce à une mise en scène et un montage exceptionnels.

Tales of America (J.S. Ondara)

note: 5Le rêve américain d’un jeune chanteur kényan Karine - 17 mai 2019

J.S. Ondara est un jeune auteur-compositeur-interprète né à Nairobi au Kenya. Bercé et envoûté par la musique d’une radio toujours allumée, il commence à poser des mots sur les mélodies qu’il entend dès l’âge de huit ans. A l’adolescence il découvre le rock de Nirvana, Oasis et Radiohead. Mais c’est l’album «Freewheelin» de Bob Dylan qui va décider de sa vocation pour la musique folk. En 2013 il s’installe à Minneapolis dans le Minnesota (où est né son idole) et apprend seul à jouer de la guitare. La suite de l’histoire c’est «Tales of America», un premier album puissant et élégant, qui oscille entre blues et folk acoustique. Doté d’une voix envoûtante, J.S. Ondara -souvent comparé à Tracy Chapman- nous offre sa vision du «rêve américain» tout au long des onze chansons qui composent ce disque.

Leave no trace (Debra Granik)

note: 4Un petit bijou du cinéma indépendant américain Karine - 10 avril 2019

Will, vétéran de la guerre d’Irak souffrant de stress post-traumatique, vit avec sa fille Tom dans une forêt des abords de Portland, Oregon. Complètement coupés du monde, ils ne se rendent en ville qu’à de très rares occasions pour faire quelques provisions. Mais après que Tom ait été repérée par un promeneur, ils sont arrêtés et pris en charge par les services sociaux qui entendent leur redonner une vie «normale».
Sept ans après «Winter’s bone» qui nous immergeait déjà en pleine forêt, Debra Granik revient avec cette nouvelle fiction adaptée d’un roman de Peter Rock et inspirée d’un fait réel. Qualifié de «survival» (ou «film de survie»), ce film est avant tout l’histoire d'un amour fusionnel entre un père et sa fille : lui qui fuit son passé, ses angoisses, en rejetant toute forme de civilisation et elle, en pleine construction, chez qui le contact avec la société va instiller le doute quant à son mode de vie.
Un scénario qui n’est pas sans rappeler deux autres titres : «Vie sauvage» de Cédric Kahn ainsi que le magnifique «Captain Fantastic» de Matt Ross.

Prendre les loups pour des chiens (Hervé Le Corre)

note: 5Un grand roman noir social au coeur de l’été girondin Karine - 13 mars 2019

«Le Vieux qui maquillait des voitures et refaisait des moteurs anciens pour des Gitans ou des amateurs de tacots, la Vieille hostile, rêche comme de la toile émeri. Et puis Jessica. … Un piège vers lequel tu te précipites en pressentant le piège. … Une fleur toxique. Et au milieu, cette gamine quasi muette qui jouait seule et ne pleurait presque jamais même au comble de son chagrin.» C’est dans ce «nid de crotales», dans la campagne girondine écrasée de chaleur, que débarque Franck à sa sortie de prison. Il y attend son frère, parti en Espagne pour «les affaires»…
Hervé Le Corre, dans ce onzième roman, parvient à dire beaucoup en peu de mots. L’écriture est fluide, le style sobre et ciselé. L’ambiance sombre est si réaliste qu’elle est digne d’un scénario. Le titre, emprunté au poème de Louis Aragon «Est-ce ainsi que les hommes vivent?», fait présager une certaine désillusion ; celle de Franck, épris de liberté et qui croyait à un nouveau départ. Une famille dysfonctionnelle, une chaleur écrasante, une violence incontrôlable… tous les ingrédients sont ici réunis pour converger vers l’inévitable drame.

The Expanse n° Saisons 1 & 2
DVD 1 à 7 (Mark Fergus)

note: 4Une série de science-fiction qui ravira même les non-amateurs du genre Karine - 22 février 2019

Basée sur les romans de James S. A. Corey, The Expanse est une série télévisée de type «space opera». Elle se déroule 200 ans dans le futur alors que le système solaire est entièrement colonisé. Mars est devenue une puissance militaire autonome ; la Terre, sur le déclin, est contrôlée par les Nations-Unies. Enfin, une autre partie de l’humanité, aux conditions de vie plus difficiles, s’est installée à proximité de la ceinture d’astéroïdes. Dans ce contexte et suite à la disparition d’une jeune femme, un policier, le commandant d’un vaisseau cargo et une diplomate vont tenter d’empêcher une guerre qui paraît inévitable.
Passant constamment d’un lieu à un autre, d’un point de vue à un autre, la trame, un rien complexe au départ, peut dérouter. Mais on découvre vite les liens qui unissent les différentes intrigues. Les thèmes abordés font écho aux problématiques de notre temps : la lutte des classes, l’exploitation, la pénurie, les réfugiés… Un scénario crédible, une bonne interprétation et des effets spéciaux soignés font de The Expanse une des meilleures séries de science-fiction du moment.

Lean on me (Jose James)

note: 5L’hommage à Bill Withers pour ses 80 ans Karine - 25 janvier 2019

Tout au long de sa carrière, l’auteur-compositeur et interprète José James a mêlé jazz, R&B, soul, hip-hop et rock indé. Après ses hommages à Billie Holiday et John Coltrane, il revient avec un huitième album résolument soul dans lequel il célèbre Bill Withers, l’un des plus grands représentants du genre et aussi l’un des plus repris. Actif dans les années 70 et 80, ce soulman est l’auteur de titres devenus des standards tels que «Ain’t no sunshine», «Lean on me» ou «Just the two of us». José James pose sa voix chaude et suave sur les douze reprises qui composent ce disque et il semble bien avoir trouvé son style de prédilection.

Terre(s) (Thomas Pesquet)

note: 5La Terre vue de l’espace Karine - 20 décembre 2018

Depuis la mission Proxima, on connaissait Thomas Pesquet, l’astronaute ; avec ce livre, on découvre le photographe hors pair. Entre novembre 2016 et juin 2017, il a passé 6 mois à bord de la Station Spatiale Internationale et a effectué des milliers de prises de vue à plus de 400 kilomètres de hauteur. Quelques uns de ces clichés sont présentés ici, chronologiquement et en grand format sur une double page. Des photos qui donnent le vertige et offrent des visions incroyables de notre planète : des îles paradisiaques caribéennes au bush australien, en passant par la botte italienne et même par Bordeaux et la dune du Pilat, Thomas Pesquet a su capter le spectacle infini de la nature mais aussi sa grande fragilité. Au fil des pages, la Terre apparaît tantôt comme un tableau de maître, avec sa variété de reliefs et l’étendue de sa palette de couleurs, tantôt comme une immense mosaïque.

Le maître est l'enfant (Alexandre Mourot)

note: 4Un regard sur l’enfant qui fait grandir l’adulte Karine - 16 novembre 2018

Le réalisateur pose sa caméra dans une classe d'enfants de 3 à 6 ans de la plus ancienne école Montessori de France.
Maria Montessori, médecin et pédagogue, a mis au point une méthode éducative alliant rigueur scientifique - basée sur une observation très précise des enfants - et humanisme. Son but : construire un apprentissage fondé sur les rythmes inhérents à chaque enfant et favoriser leur capacité de concentration naturelle en leur proposant un «travail» qui va mobiliser leur attention et leur motivation.
Ce qui fascine, dès les premières minutes de ce film, c’est le silence qui règne dans la classe malgré une activité foisonnante ; les enfants s'entraident, s’observent, laissent leurs camarades travailler. Chacun choisit son activité, toujours basée sur la manipulation de vrais objets (allumettes, vaisselle, fleurs, fer à repasser…) et on s’émeut de voir le sourire qui éclaire le visage de ces enfants développant un nouveau savoir faire. Le maître est discret, il accompagne les élèves, ne contraint pas ni ne sanctionne.
Une source d’inspiration pour les enseignants… et les parents !

La passion Van Gogh (Dorota Kobiela)

note: 4Les tableaux de Van Gogh s’animent Karine - 18 octobre 2018

Peu de temps après la mort de Vincent Van Gogh, un de ses amis, Joseph Roulin, demande à son fils Armand de remettre la dernière lettre du peintre à son frère Théo. Apprenant que ce dernier est lui aussi décédé, Armand Roulin va rencontrer et interroger ceux qui ont connu l’artiste et découvrir ainsi sa vie surprenante et passionnée.

Ce film d’animation prend la forme d’une enquête sur la vie et la mort controversée du peintre (s’est-il vraiment suicidé ou a-t-il été assassiné ?). L’intrigue est basée sur 800 lettres manuscrites de l’artiste, mais le plus fascinant est que l'animation est effectuée à partir de 120 toiles de Van Gogh. D’abord tournée comme un film en prises réelles avec de vrais acteurs, «La passion Van Gogh» est ensuite constituée de plus de 60 000 plans peints à la main par 90 artistes.
Les tableaux s’animent devant les yeux émerveillés du spectateur qui découvre ou reconnaît une partie de l’oeuvre du maître. Une véritable prouesse technique et un film d’une grande beauté visuelle.

Life & livin' it (Sinkane)

note: 5Une joyeuse fusion de genres Karine - 18 septembre 2018

Derrière le nom de Sinkane se cache Ahmad Gallab, un artiste d’origine soudanaise installé à Brooklyn. Avant de se lancer dans une carrière solo, il a notamment été le batteur de groupes électro et pop comme Caribou et Of Montreal. Sa musique brasse les cultures et les influences : les sonorités est-africaines se mêlent à la soul, au funk et à la modernité de l’électro. C’est une belle fusion de genres, magnifiée par une voix ensorcelante. Le groove est présent tout au long des 9 morceaux qui composent ce disque, le troisième de ce jeune chanteur et multi-instrumentiste.
Un album lumineux et joyeux, à écouter en boucle...

Melaza (Carlos Lechuga)

note: 4«Ici, tu apprends à danser ou tu meurs sur la piste» Karine - 16 août 2018

Ces quelques mots prononcés par la protagoniste principale de Melaza pourraient résumer à eux seuls tout le film. Melaza, c’est un village cubain où le temps semble s’être arrêté ; mais ça signifie avant tout «la mélasse», symbolique de la situation dans laquelle se débattent les personnages. Monica et Aldo travaillent dans des conditions plus que précaires : elle veille sur une usine désaffectée, il est instituteur dans une école délabrée et enseigne la natation dans une piscine sans eau. Pour s’en sortir, ils vont avoir recours à des moyens de plus en plus illégaux, jusqu’à aller à l’encontre de leur morale.

Carlos Lechuga, dont c’est le premier film, montre avec poésie et un brin de dérision, une réalité cubaine bien loin des clichés touristiques. La propagande politique, l’endoctrinement dès le plus jeune âge, les tickets de rationnement, la débrouille font partie du quotidien. Mais Melaza n’est pas qu’une chronique sociale, c’est aussi une belle histoire d’amour : Monica et Aldo s’aiment et continuent de s’aimer malgré le manque d’intimité et les choix qu’ils sont obligés de faire pour (sur)vivre.

J'ai toujours aimé la nuit (Patrick Chamoiseau)

note: 4La Martinique, bien loin de la carte postale Karine - 19 juillet 2018

Fort-de-France, un vendredi 13… Lors de sa dernière nuit de service actif, un commandant de police est enfermé seul avec un tueur en série, qui, depuis des heures, pointe son arme sur lui. Et, depuis des heures, l’officier écoute l’incroyable confession de celui qui se surnomme «l’archange de la mort».
Ce polar se déroule à huis clos et se présente sous la forme d’un long monologue ; en parallèle, le policier se remémore sa carrière et les indices qui l’ont lancé sur la trace de ce tueur atypique. Ce dernier s’exprime en effet dans un style très recherché, agrémenté de phrases latines et de références à Saint-John Perse ou Aimé Césaire. Il dresse un portrait plutôt sombre de la Martinique d'aujourd'hui, se désolant de l'attitude de la jeunesse, de son langage, de son addiction au virtuel.
Le premier roman policier de Patrick Chamoiseau, théoricien de la créolité et Prix Goncourt en 1992 pour Texaco, est avant tout une réflexion sur la perte de l’identité martiniquaise et sur le rôle que jouent l’éducation et la transmission dans le maintien d’une culture.

Faute d'amour (Andreï Zviaguintsev)

note: 5Ma palme d’or 2017 Karine - 5 juin 2018

Dès les premières scènes, on est ému par le sort d’Aliocha, cet enfant de 12 ans victime collatérale du désamour de ses parents. Il se sent rejeté, à juste titre, son père et sa mère ayant chacun de leur côté débuté une nouvelle relation. Il est un peu un obstacle à la réalisation de leur projet personnel, alors, soudainement, il disparaît…
C’est avec une grande justesse qu’Andreï Zviaguintsev montre la haine et la brutalité des rapports qui opposent ce couple. Comme dans ses précédents films, il fait part des maux qui gangrènent la société russe. La désagrégation familiale est ici le symbole d’un malaise collectif : l’individualisme, les obsessions matérielles mais aussi le désengagement social de l’État et le retour d’une morale autoritaire. Après le formidable «Léviathan», «Faute d’amour» est le 5ème film du réalisateur ; il a reçu, entre autres, le Prix du Jury à Cannes en 2017. C’est un beau film, au sens esthétique du terme, mais un film âpre, qui marque les esprits par des scènes puissantes et bouleversantes.

American crime story n° Saison 1
The people v. O.J. Simpson (Scott Alexander)

note: 5L’affaire qui divisa l’Amérique Karine - 16 mai 2018

Si comme moi, le nom d’O.J. Simpson ne vous évoque que de vagues souvenirs, alors regardez cette première saison de la série American Crime Story et vous saurez tout - ou presque - sur cette affaire qui a défrayé la chronique au début des années 90.
The People vs. O.J. Simpson relate la fuite, l’arrestation puis le procès hautement médiatisé de cet ancien footballeur et acteur, soupçonné puis acquitté du double meurtre de son ex-épouse, Nicole Brown Simpson, et de son compagnon.
Ce procès, qui s’est tenu de juin 1994 à octobre 1995, passionna et déchira l’Amérique. Le doute sur la culpabilité d’O.J. Simpson fut grand dans les rangs de la communauté afro-américaine, déjà affectée par l’affaire Rodney King et les émeutes qui s’ensuivirent en 1992 à Los Angeles. La série, qui se veut au plus près des faits, est passionnante car elle montre les faiblesses du système judiciaire américain, marqué par de profondes inégalités qui empêchent tout jugement équitable. Le jeu d’acteur est excellent, la série est courte (10 épisodes) et va à l’essentiel.

V70 (Bumba Massa)

note: 5Entre La Havane et Kinshasa Karine - 13 avril 2018

Même si les rythmes afro-cubains sont bien présents, non, ce n’est pas de la salsa, c'est de la rumba congolaise, authentique, celle des grands orchestres des années 60 comme l'OK Jazz - auquel l'artiste rend hommage -. Mais au fond, les racines sont communes… Le chanteur, c'est Bumba Massa, 72 printemps, le vétéran de ce genre musical et la voix du groupe Kékélé avec qui il a enregistré 3 albums. Il poursuit aujourd'hui une carrière solo, après 54 ans de musique. Son nouvel opus porte un titre énigmatique, «V70» : V comme valeur, 70 comme la septième décennie dans laquelle il est entré. Qu' il interprète ses chansons en français ou en lingala, c'est toujours avec douceur et élégance, et toute la classe de son âge vénérable. Quant à sa voix, elle n’a rien perdu de ses qualités et comme il l’assure lui-même : «Ma voix est comme le bon vin : plus elle vieillit, meilleure elle est”.

A voix haute (Stéphane De Freitas)

note: 5Eloge de la parole et de la jeunesse Karine - 2 mars 2018

Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours “Eloquentia”, qui vise à élire «le meilleur orateur du 93». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes.
De la préparation jusqu’au concours, on suit ces jeunes issus de divers horizons et qui veulent apprendre, chacun dans un but bien précis, à maîtriser leur parole. Cet outil que nous possédons tous mais qui peut devenir une véritable arme dès lors qu’on apprend à l’utiliser. Les formateurs sont exceptionnels et il faut beaucoup de courage à ces étudiants pour donner de la voix et se décomplexer. Ce film pudique, qui nous fait passer du rire aux larmes, est porteur d’énergie et d’espoir.

Americanah (Chimamanda Ngozi Adichie)

note: 5Le rêve américain Karine - 10 février 2018

Americanah suit l’histoire de deux jeunes Nigérians, Ifemelu et Obinze, qui se rencontrent au lycée et tombent amoureux. Au fil d’années mouvementées sur le plan politique, ils vont tenter de se frayer chacun leur chemin : Ifemelu va rejoindre sa tante aux États-Unis pour y continuer ses études, et Obinze connaîtra la dure réalité d’être un sans-papiers en Angleterre. Leurs vies vont progressivement s’éloigner, jusqu’à ce que le silence radio remplace la passion des premiers temps. Ifemelu devient une blogueuse renommée, Obinze rentre au Nigéria où la chance et la fortune lui sourient. Et puis Ifemelu décide de rentrer au Nigéria…
Americanah est le troisième roman de l’écrivaine nigériane. Ce titre renvoie à la façon dont les Nigérians appellent les expatriés qui reviennent des États-Unis.
Avec un humour caustique et un grand sens du détail, l'auteur décrit ce que cela signifie d’être noire dans l'Amérique de Barack Obama. A la fois histoire d’amour et critique sociale, ce roman dense et passionnant, magnifiquement écrit, analyse avec subtilité les relations raciales aux Etats-Unis mais aussi la question de l’identité.

Arctique (Vincent Munier)

note: 5Le Paradis blanc Karine - 10 janvier 2018

Le photographe aventurier nous présente ses plus belles images de l'Arctique, réalisées au cours des six dernières années, prises lors d'expéditions hivernales, souvent en solitaire et sans assistance. Pour nous offrir ces photographies, il a parcouru des centaines de kilomètres en tirant son traîneau dans des conditions extrêmes, sur le territoire du loup blanc : le "fantôme de la toundra", comme le surnomment les Inuits. Des côtes groenlandaises à la Sibérie jusqu'aux îles les plus septentrionales du Nunavut (Canada), nous sommes invités à découvrir un monde animal fascinant de beauté, où l'on croise ours et renards polaires, caribous, bœufs musqués et harfangs des neiges...
Vincent Munier met en lumière des espèces animales menacées. Ses clichés, réalisés dans des conditions de froid extrême et en basse lumière, sont époustouflants. Il parvient à donner du relief à des sujets blancs sur fond blanc, ce qui constitue une véritable prouesse technique. La douceur qui émane de ces photographies contraste fortement avec la rudesse de l'environnement dans lequel elles ont été prises. Un recueil d'images à couper le souffle !

Grace (Lizz Wright)

note: 5La grâce incarnée Karine - 1 décembre 2017

Ce disque offre un aperçu du réseau d'histoires et de chansons, dont les racines profondément ancrées et intimement entrelacées, relient entre elles les traditions très diverses qui constituent l'âme du Sud profond des États-Unis. Au gré de compositions et de reprises (Allen Toussaint, Ray Charles, Nina Simone, Bob Dylan entre autres...) oscillant entre gospel, blues et folk, Lizz Wright opére ici un retour aux sources pour offrir un hommage sublime à son Sud natal, et plus particulièrement la Géorgie. Cet album, le sixième de la chanteuse, bénéficie d'une production soignée du musicien et compositeur Joe Henry. Dotée d'une voix chaude et d'un timbre profond, Lizz Wright transforme et habite littéralement ces chansons aux ambiances diverses mais à l'héritage commun. C'est une artiste que l'on ne peut s'empêcher de suivre et dont on guette chaque nouvel opus dès lors qu'on l'a découverte.

Moonlight (Barry Jenkins)

note: 5Oscar 2017 du meilleur film Karine - 17 novembre 2017

A Miami, dans les années 1980, Chiron tente de grandir, entre les coups qu'il reçoit à l'école et sa mère, qui s'enfonce peu à peu dans la drogue. Le jeune homme est en train de découvrir qu'il est homosexuel et a du mal à l'assumer. Seul son ami Kevin parvient à lire dans l'esprit de Chiron comme dans un livre. Alors que sa mère l'abandonne à cause de son addiction au crack, Chiron se trouve des parents de substitution avec Teresa et Juan, un dealer. Le couple l'encourage à accepter son identité, sans se conformer aux conventions de la masculinité et de la sexualité.
Moonlight est le premier Oscar du meilleur film dont le héros est gay et dont le casting est entièrement afro-américain. La grande délicatesse avec laquelle Barry Jenkins met en scène la violence sociale fait toute l'originalité de ce film. On ne s'attend pas, en effet, à autant de douceur et de poésie dans un milieu habituellement viril et agressif.
Moonlight est un film à la fois âpre et émouvant, à l'esthétique très soignée.

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